Il fut un temps où les hommes firent montre de solidarité et de fraternité. D’intelligence et de grandeur. Unis aux quatre coins du monde. Ils entreprirent dans les années 60 le plus grand chantier archéologique pour sauver Abou Simbel. Mais aussi Philae et bien d’autres temples le long du Nil. La construction du barrage aurait englouti à jamais ces temples fabuleux.
« Nous ferons une cathédrale si grande que ceux qui la verront achevée croirons que nous étions fous » à dit le Chanoine de la cathédrale de Séville en 1402. Alors que l’élan gothique en France avait déjà fait son œuvre avec toutes les beautés qu'on lui connait : Chartres par exemple et sans partie pris ! La foi des hommes avait fait des merveilles d'architecture en s'inspirant des temples d'orient.
En ce jour de printemps et de renouveau de la lumière accueillons et méditons les œuvres que nos sages d’hier nous ont laissé. Nous ouvrirons la porte à la lumière dans nos coeurs.
C’est Victor Hugo qui disait des cathédrales qu’elles étaient des oeuvres collectives, des œuvres sociales. Elles étaient des créations collectives, des dépôts léguées à la Nation. La cathédrale est l’image de l’Homme anthropo-cosmique, la cathédrale est le Temple dans l’homme. Elle est ce qui le relie au cosmos.
« Le geste vivant parle et dit ce que l’on ne pourra jamais transcrire en paroles d’une façon aussi vivante. C’est le vrai symbole » Le Temple de l’Homme.SdL
Abou Simbel est une œuvre magistrale et unique réalisée par le grand RAMSES II. Les hommes modernes ont su la sauver. La première fois que j’ai vu ce temple je suis restée sidérée et pourtant je venais de voir des merveilles toutes plus belles les unes que les autres.
ABOU SIMBEL imprime à jamais quelque chose de grandiose en nous.
Ce temple nous rappelle qui nous sommes !
Je vous propose un extrait du livre de Hery et Enel « le secret d’Abou Simbel »
Début de l’extrait »
Le sanctuaire est la maison de Dieu, et protège l'équilibre du monde. La structure des pièces et la conception architectonique du grand temple de Ramses II atteste que l'édifice avait une double vocation : le Sud était dédié au Dieu Amon (le Caché) tandis que la partie Nord l'était à Rê (le Visible). Des chapelles, des hiéroglyphes, des inscriptions cryptographiques sur la porte du grand temple, révèlent que tout était codé par des lettres et par des nombres pour garder secret le nom de l'Eternel : Amon-Re, l'association des deux entités visible et invisible. Plus on pénètre dans les ténèbres du temple, plus la lumière jaillira. Dans le fond du sanctuaire, quatre statues émergent du sol, enfantées par la roche originelle - roche assimilée au≪ tertre initial ≫ qui a donné naissance au monde.
Leur nombre répond précisément à un message.
Comme les quatre sculptures qui sont à l'extérieur du grand temple, les quatre statues du sanctuaire témoignent de la volonté grammaticale des prêtres d'exprimer les quatre éléments : eau, terre, air, lumière, et leur intention de conserver et de fixer pour toujours dans la pierre le nom du tétragramme égyptien formant les lettres d'Amon-Re (I-MEN-N-RE) - I représentant l'air, Mn la terre et N l'eau -, tandis que le soleil, Re, exprimait la lumière, quatrième élément indispensable à toute vie. Nous avions là le point alpha de l'origine du nom de la divinité. De plus, entre les quatre colosses qui ornent la façade du grand temple, l'oiseau Horus apparait non seulement comme le symbole de la Lumière, mais aussi comme celui de ≪ l'Esprit Saint ≫ qui règne sur le monde aux quatre points cardinaux. L'oiseau sera le messager de la divinité sur terre et traduira l'action tangible, visible de l'Invisible (cette même notion est perpétuée dans notre art roman, dans l'iconographie de l'aigle qui traduit la Lumière et la Parole)
Ainsi, le grand temple de Ramsès II consacre à Amon-Re était en réalité dédié à une seule et même divinité à la fois ≪ visibilium et invisibilium ≫, pour reprendre le terme de la liturgie.
Au-delà de ces notions nouvelles sur le grand temple, la symbolique du petit temple dédié à la reine Néfertari peut paraitre encore plus étonnante puisque c'est la reine qui incarne le principe féminin indispensable à toute vie sur terre. Elle est la déesse Hathor principe qui remonte à bien avant le temps des pyramides, et que l'on retrouve dans les temples de Nubie, de Soleb, de Louxor et surtout de Deir-el-Bahari. C'est dans ce dernier, celui de la reine Hatshepsout (XVIe s.) qu'Amon venait retrouver sa parèdre, Hathor, pour y passer la nuit de la Création - nuit décisive car cette rencontre nuptiale annonçait l'arrivée de l'inondation salvatrice de la terre d'Egypte. En y portant la procréation au niveau divin, Ramsès racontera donc aussi, à travers les temples d'Abou Simbel, l'une des plus belles histoires d'amour. Car dans cette sublimation, le couple se trouve garant de la Création divine, et par la même, de la création humaine.
A Abou Simbel, nous sommes dans le monde du sacré, ou chaque élément de l'architecture est une clé pour comprendre et avancer dans la connaissance. Ecrire sur Abou Simbel est une entreprise délicate. Ecrire un livre sur la religion l'est tout autant. On n'explique pas la foi de tout un peuple en quelques lignes, et parfois, le dialogue avec l'œuvre nécessite seulement le silence. Un silence propre aux rives du Nil, à cette nature qui accorde son rythme à celui de l'homme, et qui permet non seulement un calme épanouissant, mais plus encore la méditation. Un majestueux décor qui possède une dimension métaphysique - celle du ≪ milieu divin ≫ dont parle Teilhard de Chardin.
En 1960, à la suite de la construction du barrage d'Assouan, le plus grand monument édifie à la gloire de l'Eternel fut sauvé avec l'aide de l'UNESCO. Les deux joyaux d'Abou Simbel furent démontés puis réédifiés au-dessus du niveau du Nil, adossés contre une falaise artificielle. Les hommes, venus des quatre coins de la planète, œuvrèrent comme s'ils avaient pressenti qu'au-delà de l'exploit architectural se cachait un message encore plus grand, caché dans la puissance émanant de ces pierres ciselées.
Puissent les pages qui suivent entrainer le lecteur et le visiteur de l'Egypte moderne dans une réflexion nouvelle qui honore cette grande et belle civilisation, une des sources de notre Occident.
J’espère que vous aurez apprécié ce beau texte et trouvé une bulle de quiétude, un entracte d'éternité revivifiant et bon pour votre âme :)
Belle semaine à tous
Sandrine
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